L’histoire du paradis et de l’enfer : Extrait d’un conte traditionnel zen

Un matin de très bonne heure, un jeune moine nommé Jamyang était assis en pleine méditation lorsqu’il repéra quelque chose à l’horizon au loin : Une figure solitaire marchant vers le monastère.

Le moinillon plissa les yeux pour voir la silhouette grandissante. Plus le personnage se rapprochait, plus il semblait être une sorte de guerrier, un samouraï peut-être. Il avait deux longues épées suspendues et une armure qui se tenait raide dans le vent.

Fait intéressant : C’était un très long chemin à parcourir pour lui.

 

Le jeune moine regardait attentivement le personnage mystérieux se rapprocher. Ce qu’il percevait, c'est que ce samouraï était un rônin, un renégat sans maîtrise.

C’était un homme à la stature imposante, brutal et au visage renfrogné par froncement des traits. Le jeune moine attendit tranquillement.

 

Au bout d’un certain temps, le guerrier finit par arriver, en agitant la poussière. Il s’arrêta juste à quelques pas du moine, avec les mains posées sur ses armes.

 

« Moine ! », siffla-t-il, « Je suis venu apprendre ce que vous savez au sujet du paradis et de l’enfer. Dites moi tout ! »

 

Jamyang ne répondit pas. Il attendit que le ronin tente de parler à nouveau et dit : « Je ne vous dirai rien. Vous êtes un samouraï sans maîtrise. Vous venez sans être invité, sans vous présenter, et exigez des connaissances que vous n’avez pas gagnées.>>

 

Le visage du ronin se remplit de colère. Il ouvrit de nouveau la bouche pour parler.

Le moine lui coupa une nouvelle fois la parole : « De plus », dit Jamyang, « Vous avez l’odeur rance d’un millier de bovins. Une personne aussi putride que vous ne mérite aucune connaissance, et encore moins la connaissance du sacré. »

 

À ce moment, le visage du guerrier se mis à grimacer de colère et de douleur tant son égo était touché. Il émit un rugissement en tirant sur le fourreau de ses épées tout en les soulevant au-dessus de sa tête, et se préparant à donner le coup de grâce au jeune moine.

 

« – Ici s’ouvrent les portes de l’enfer. », murmura Jamyang.

 

Le Samouraï s’immobilisa, les épées tremblotant dans l’air désertique. Là, à cet instant, il comprit. La couleur sur son visage changea brusquement.

 

Il ne pouvait y avoir une explication plus claire. Le moine avait risqué sa vie pour lui montrer, par la présence de son esprit, exactement ce qu’était l’enfer.

 

Submergé de gratitude, le samouraï tomba à genoux, avec des larmes aux yeux.

 

Jamyang dit doucement : « Ici s’ouvrent les portes du paradis. »

 

- Extrait d'un conte traditionnel Zen -

 

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Commentaires: 1
  • #1

    Précision (mercredi, 21 décembre 2016 16:17)

    Un rōnin (浪人) était, dans le Japon médiéval, un samouraï sans "maître", donc sans travail qui devenait souvent pour pouvoir survivre un hors la loi, un mendiant, un militaire SDF au chômage.